Feminist Law Clinic : un projet étudiant primé au Prix Charlemagne pour la jeunesse européenne
Pour cette cinquième édition du prix Charlemagne pour la jeunesse européenne, trois étudiantes de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont concouru pour l’Allemagne et ont remporté le troisième prix avec leur projet Feminist Law Clinic. Cette initiative propose un soutien juridique gratuit aux personnes qui subissent des discriminations de genre, du harcèlement et des violences sexistes et sexuelles.
Le prix Charlemagne pour la jeunesse européenne est organisé conjointement par le Parlement européen et la Fondation du prix international Charlemagne d’Aix-la-Chapelle. Il distingue des projets portés par des jeunes de l’Union européenne autour des thématiques liées à la démocratie et à l’engagement. Après une sélection nationale, 27 projets sont retenus puis évalués par un jury européen, qui désigne les trois lauréats du prix.
De colocataires à fondatrices d’une association juridique féministe
Lilith Rein, Lilian van Rey et Karla Steeb ont toutes les trois obtenu une licence de droit en Allemagne à l’université de Cologne. Durant leurs études, elles étaient colocataires, ce qui leur a permis de nouer une amitié. Aujourd’hui en première année de master 1 Droit franco-allemand à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en partenariat avec l’université de Cologne, elles constatent que les cours de droit dispensés excluent, selon Lilith Rein, « des domaines qui sont particuliers et importants dans nos sociétés actuelles. »
« Frappées par le silence en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement et les discriminations de genre » et mues par une véritable volonté d’agir pour l’égalité, elles décident en 2024 de créer l’association Feminist Law Clinic. « Il s’agit d’une clinique de conseils juridiques animée par des bénévoles sous la surveillance de professionnels pour s’assurer que les gens connaissent leurs droits », précise Lilith Rein. L’association propose actuellement des conseils juridiques en droit pénal sexuel (violences sexistes et sexuelles), en droit à la contribution d’entretien (pension alimentaire, prestation compensatoire…) et le droit à l’autodétermination (changement de sexe et/ou de nom…).
Une approche féministe pour une aide inclusive
Lilith Rein explique que la dimension féministe au cœur de leur démarche apporte une « remise en question des normes et un accompagnement plus inclusif. Les hommes vivent dans une autre réalité que les femmes. Le droit n’est pas neutre. Il a été écrit par et pour les hommes. L’approche féministe est importante pour que ce soit plus égalitaire. » Selon elles, la Feminist Law Clinic vise à former une nouvelle génération de juristes féministes. Grâce au soutien de leurs camarades et professeurs, dont l’enseignante et responsable d’étude Léonie Babst, leur projet a pu voir le jour.
Obtenir la troisième récompense du prix Charlemagne pour la jeunesse européenne représente une surprise, mais surtout une grande fierté. « C’est vraiment un honneur de recevoir ce prix. Ça donne de la visibilité et de l’énergie pour que le projet existe », développe Lilian van Rey. Une simple candidature sans prétention s’est révélée être choisie sur plus de 600 projets proposés.
Entre gestion du temps et difficultés financières
En tant que fondatrices, elles mettent toutes en lumière la difficulté de trouver un équilibre entre leur engagement et leurs études, « surtout quand on fait un double diplôme en plus en français qui n’est pas notre langue maternelle », reconnaît Lilian van Rey. Elles abordent également les difficultés financières auxquelles font face les associations ne reposant que sur des dons. Le prix Charlemagne leur a permis de toucher une somme d’argent qui leur permettra entre autres de réaliser la communication de l’association.
Si Lilian van Rey et Lilith Rein souhaitent passer le barreau en Allemagne pour devenir avocates et s’orienter vers le « droit des femmes », Lilian van Rey souhaiterait se spécialiser dans le droit du travail pour ces dernières. Lilith Rein a quant à elle exprimé la volonté de reprendre la Feminist Law Clinic.
